HISTOIRE DE JEANNE (suite)
(Suite de l'histoire de Jeanne)
Avant que son père ne soit allé en cure de désintoxication, Jeanne a 13 ans. Elle allait encore à l'école, mais son coeur lui était ailleurs. Elle n'arrivait pas à revenir sur ce monde qui l'a fit tant souffrir. Pourquoi la mort lui avait-elle emportée sa maman ? Toujours elle se posera cette question même a l'âge qu'elle a maintenant.
Le père travaillait dans le bâtiment, il était souvent en réunion avec les architectes et le maître d'oeuvre. Il était apprécié professionnellement par son courage et son sens du devoir. Il était un tout autre homme une fois rentré chez lui. Ivre, il s'effondrait sur la table de la cuisine et tombait de sa chaise. Jeanne et sa jeune soeur étaient obligées de le traîner parterre pour l'amener jusqu'à son lit, il pesait plus de cent kilos.
Le soir, en rentrant de l'école, la petite Jeanne posait ses affaires et descendait à la cave pour y casser un peu de bois afin de faire des bûchettes pour allumer la cusinière. Sa jeune soeur de deux ans de moins restait à la maison, elle avait peur de s'y rendre. Voilà le travail de Jeanne en rentrant de l'école. Les devoirs passaient après. Sur la table de la cuisine, elle s'installait pour les faire sans avoir pris son goûter.
C'est leur père qui préparait les repas. Il faut avouer qu'il était bon cuisinier quand il n'était pas ivre, plein d'alcool.
Jeanne se souvient d'un soir quand elle est rentrée de l'école. Elle se trouvait dans la cuisine avec sa petite soeur quand soudain surgit de dessous la cuisinière une énorme araignée. En moins de deux secondes elles se sont retrouvées sur la table et elles y sont restées jusqu'à ce que leur soeur aînée rentre de l'école. Elles avaient l'impression que l'araignée les regardaient. Maintenant Jeanne rit de cette situation.
Le pavillon où elle habitait était partagé en deux logements. Elle habitait au rez-de-chaussée et au-dessus habitait un couple avec de nombreux enfants. Il y avait le grand-père qui avait sa chambre dans laquelle logeaient ses nombreux chats. (Quant les chats avaient souillé leur caisse, le grand-père jetait les excréments dans le jardin et mettait la litière dans le four de sa cuisinière bois/charbon pour la faire sécher), une cuisine et deux chambres dont une servait de salle-à-manger.
Jeanne se souvient que la maman accouchait toujours à son domicile, ce qui se faisait fréquemment dans ce temps là. Jeanne aimait beaucoup ces moments , elle découvrait le début de la vie et adorait s'occuper des tous petits nourrissons. C'est le médecin de famille qui venait pratiquer l'accouchement assisté d'une sage-femme. La voisine a du avoir au moins six enfants. C'était une famille qui se disputait beaucoup et combien de fois la police venait chez eux car des voisins (qui avaient le téléphone) les appelaient quand ils se battaient.. Jeanne se souvient de la fois où la voisine avait jeté sur son mari de l'huile brûlante sur le bras. Des hurlements, des bruits de meubles cassés voilà ce qu'entendait la petite fille. Avec ses soeurs, elles regardaient à travers l'entrebaillement des volets les policiers monter l'escalier extérieur des voisins. Ils frappent et ceux-ci ouvrent. Et bien enfin de compte, le mari dit qu'il ne se passait rien que c'était un simple accident. Il avait le bras brûler au second degré. Il vit le médecin le lendemain qui lui prodigua des soins. Cet homme de toute façon ne travaillait pas, il vivait des allocations familiales que le "payeur" venait leur donner tous les mois. Oui, à "cette époque", il y avait un "agent payeur". Jeanne se souvient de ce vieux Monsieur gentil avec sa sacoche de cuir marron. Il avait toujours un mot aimable pour la maman de Jeanne. C'était il a bien longtemps, maintenant tout est versé sur les comptes en banques, la relation humaine s'éloigne de plus en plus et c'est un grand dommage. Il faut bien dire qu'en banlieue parisienne la délinquance n'avait pas encore établi demeure.
J'espère que ce petit épisode vous aura plu. La suite bientôt.
Je vous remercie de prendre plaisir à me lire.